les sols
Il faut sauver
les sols
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences le 5 septembre 2007
http://www.futura-sciences.com/fr/...il-faut-sauver-les-sols_12792/
La
dégradation des sols serait « la crise silencieuse du monde » selon
l’un des experts internationaux réunis en Islande. Elle participe
largement au dégagement de gaz à effet de serre et compliquera la tâche
pour nourrir les neuf milliards d’humains qui habiteront la Terre en
2050.
« D’ici à 50 ans, il faudra produire autant de
nourriture que durant les 10 dernières années.» Dans leur message
préliminaire, les organisateurs du Forum International, qui réunit 150
experts mondiaux du 31 août au 4 septembre à Selfoss, en Islande,
annoncent la couleur. Imaginé pour le centenaire du Soil Conservation
Service, créé en 1907, ce forum abordera cette question cruciale.
La dégradation des sols
et la désertification,
que l’on observe partout dans le monde, constitueront bientôt un
problème ardu à résoudre mais qui reste aujourd’hui à peu près ignoré.
Andres Arnalds, directeur adjoint du Soil Conservation Service, parle
d’une «
crise silencieuse
». «
Les informations sur la santé des sols dans le monde ne sont pas
exactes, affirme-t-il, mais nous savons que les sols et la végétation
sont dégradés à un niveau alarmant dans de nombreux pays. Certains
estiment que chaque année une surface végétale de la taille de
l’Islande disparaît. »
Cette atteinte aux surfaces
cultivables survient alors qu’il faut préparer l’augmentation de
production agricole indispensable à court terme pour nourrir les trois
milliards d’hommes supplémentaires attendus d’ici une cinquantaine
d’années. «
La
dégradation des sols a un effet dévastateur sur la production de
nourriture » insiste Olafur Ragnar Grimsson, responsable
du Forum.
De la
protection de la terre à celle de la Terre
Mais
d’autres conséquences se font déjà sentir, sur les ressources en eau et
sur le climat. « Le sol et le couvert végétal retiennent l’eau et la
relâchent progressivement, explique Zafar Adeel, Directeur du
Département en charge de l’eau, de l’environnement et de la santé à
l’Université Internationale de l’ONU. Là où la végétation se réduit, la
résistance des écosystèmes aux autres agressions diminue aussi. »
L’effet sur le climat est également connu. La dégradation des sols et
la désertification contribuerait pour environ 30 % à l’augmentation de
gaz à effet de serre, en réduisant la captation par la végétation.
Au
mois de juin dernier, un rapport de l’ONU, rédigé par 200 experts
internationaux sous la direction de Hans van Ginkel, recteur de
l’Université des Nations Unies, sonnait déjà l’alarme. Malheureusement
passée relativement inaperçue, cette synthèse indiquait que deux
milliards d’êtres humains, soit un sur trois, souffraient déjà d’au
moins une des conséquences de la dégradation des sols. Zafar Adeel, qui
fut un des auteurs de ce rapport, affirmait à l’époque que « les
pouvoirs politiques et les décideurs publics ne mesurent pas la gravité
de la situation ».
Pourtant, les solutions existent. Le
rapport de l’ONU en faisait la liste, depuis un frein à la
déforestation jusqu’à l’aide aux pays et aux populations en zones
désertiques. La protection des sols aurait un impact très efficace sur
le bien-être d’un grand nombre de personnes, sur la production agricole
et sur la lutte contre l’effet de serre.
Pour faire entendre ce message, les experts
veulent profiter de leur réunion en Islande et, notamment, réclamer la
mise en place d’une année internationale de la protection des sols.

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Carte mondiale des zones arides ©
CRU/UEA, UNEP/DEWA
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